Étudier dans les universités à l’ère du 2.0 est parfois un vrai challenge pour les déficients visuels. En tout cas, c’est ce que constate la Fédération des aveugles de France. Cette dernière encourage ainsi les universités à améliorer leur accessibilité. De nombreux étudiants malvoyants éprouvent beaucoup de difficultés à suivre un parcours universitaire normal à cause de ce qu’ils qualifient de « frein numérique ». Les défis auxquels ils doivent faire face sont nombreux : absence de traduction en braille pour les cours, absence de bibliothèque universitaire numérique, problème avec la lecture sur écran, etc. Chaque étape de la scolarisation apporte son lot de blocages : inscription, emploi du temps, prise de notes, procédures administratives…
Une mauvaise accessibilité numérique des universités
La Fédération des aveugles et amblyopes de France ou FAAF a mené une étude sur 59 sites web d’universités en 2022. Seulement, deux universités sur ces 59 universités ont réalisé une déclaration d’accessibilité selon les obligations légales. Ces dernières se basent sur le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité ou RGAA.
Pour remédier à cette situation désastreuse, la FAAF a organisé un webinaire sur l’accessibilité numérique dans les universités. Ce webinaire s’est tenu le 15 novembre 2022 et était destiné aux responsables des établissements supérieurs. L’objectif était d’augmenter le niveau d’accessibilité numérique dans ces établissements en France. Il faut savoir qu’une telle démarche est également une étape nécessaire pour permettre aux malvoyants d’accéder facilement au marché de l’emploi. En effet, selon la FAAF, plus de la moitié des déficients visuels sont sans emploi.
Les profs ne sont pas toujours à l’écoute des étudiants malvoyants
Le webinaire a mis également l’accent sur les retours d’expériences des étudiants malvoyants. Beaucoup d’entre eux peinent à suivre les cours. Et pour cause, les professeurs ne sont pas toujours à l’écoute des besoins de ces étudiants. Certes, ils peuvent recourir à l’aide des référents handicap, mais ce n’est pas suffisant quand les profs envoient des cours sur support numérique qui sont difficiles à lire pour un étudiant déficient visuel. La plupart du temps, l’étudiant en question n’arrive à déchiffrer que peu d’informations du cours qu’on lui envoie.
D’autre part, la lecture d’un tel document requiert une charge de travail supplémentaire et plus de temps pour les étudiants malvoyants. En effet, une lecture de vingt minutes en temps normal peut leur demander deux ou trois heures. Ce qui implique de nouvelles charges mentales à gérer au quotidien.
Enfin, les étudiants souffrant de déficience visuelle doivent également faire face au manque d’accès aux différentes ressources numériques dont ils ont besoin. La plupart des universités n’ont pas accès à des ouvrages ou des revues utiles parce qu’ils n’ont pas de bibliothèque numérique ou parce qu’ils n’ont pas d’abonnements.
La conformité comme solution
Selon Fabienne Méducin, une enseignante à l’Université d’Orléans, les études supérieures coûtent cher aux étudiants handicapés et il est indispensable de limiter ce coût au maximum. Une solution allant dans ce sens est la formation à l’accessibilité numérique qui est malheureusement vue comme une perte de temps pour beaucoup. Or, ce type de formation est indispensable pour être en conformité.
Endjy Guerchet, un référent accessibilité numérique à l’Université de Bordeaux va encore plus loin. Pour lui, il faut certes former les équipes pédagogiques et les professeurs à l’accessibilité numérique, mais plus encore, il faut former les développeurs des sites web de ces établissements. Une telle formation se concrétisera par l’intégration de l’accessibilité numérique dans le cahier de charges.
Enfin, l’utilisation du kit d’audit du RGAA permettra d’avoir en main les instructions pour mener à bien l’audit qualité d’un site internet afin de savoir s’il est en conformité ou non. C’est un outil qui peut s’avérer utile dans la lutte pour l’accessibilité numérique auprès des universités.