La guerre civile en Sierra Leone n’a pas été sans conséquence pour la population. Outre les séquelles psychologiques, cette guerre a également engendré des séquelles physiques. Certaines personnes ont été blessées. Si certains ont guéri de leurs blessures, d’autres en portent la séquelle à vie. C’est le cas notamment des personnes amputées. Heureusement, ces personnes n’ont pas totalement perdu espoir grâce à des projets comme le « Single Leg », un club de foot qui leur donne une seconde chance. 70 joueurs handicapés ont intégré ce club depuis sa création en 2002.
« Single Leg » plus qu’un club de foot, un espoir pour les amputés
Sheku Turay a maintenant 37 ans. Tout comme des milliers de personnes, il a subi les conséquences de la guerre civile qui a ravagé le pays de 1991 à 2002. Les médecins ont amputé une de ses jambes pour le sauver. Aujourd’hui, il fait partie du club de foot « Single Leg » où d’autres handicapés comme lui ont trouvé un soutien et un nouveau sens à la vie. En effet, dans ce pays, parmi les plus pauvres du monde, les handicapés ont la vie vraiment dure.
Comme Sheku Turay, les 70 membres de l’équipe de foot du club « Single Leg » ont perdu soit une jambe soit un bras. Le club compte une dizaine de femmes. Pour Sheku Turay (et certainement pour les autres), jouer au foot dans ce club est source de joie et d’inspiration. Faire partie de cette équipe unique en son genre donne à ses membres un nouveau sens à leur vie. Comme l’exprime Sheku Turay « Quand on m’acclame, j’ai l’impression de compter ».
Une société qui n’accepte pas les handicapés
Le club de foot « Single Leg » a été créé en 2002 par le pasteur Mamoudi Samai. Ce pasteur continue de gérer et de soutenir l’équipe et ses participants depuis sa création jusqu’à maintenant. Pour nourrir l’équipe et donner du travail à ses membres, le club a créé une ferme bio d’une surface de 20 000 mètres carrés. La ferme est située à quelques kilomètres de la capitale.
Vivre en tant que handicapé en Sierra Leone est un véritable défi au quotidien comme témoigne Lahai Makieu, un amputé de la jambe, gérant la ferme du club « Single Leg ». En effet, dans la société Sierra Léonaise, les handicapés sont discriminés, moqués et montrés du doigt. Cette situation perdure malgré la création de la Commission Vérité et Réconciliation qui recommande l’accès à une formation spécialisée et à des soins par les handicapés victimes de la guerre civile.
Des conséquences de la guerre qui persistent
Après 20 ans, les conséquences de la guerre sont encore omniprésentes dans le quotidien de ceux qui en ont porté des séquelles. La Commission Vérité et Réconciliation a recommandé en 2004 que les personnes affectées par la guerre, dont les amputés, reçoivent des compensations versées par le gouvernement. Toutefois, des 32 000 personnes qui se sont inscrites, seules quelques 20 000 ont reçu une indemnisation variant de 66 à 189 euros.
Par ailleurs, le centre national de réadaptation situé à Freetown n’a pas assez de personnel ni de matériel pour venir en aide aux victimes qui ne sont plus des amputés de la guerre, mais plutôt des malades atteints de la polio ou des victimes d’accidents de la route. Le docteur Abdulrahman Dumbuya, orthopédiste et directeur adjoint du centre dessine un portrait sombre des amputés de la guerre. « Vingt ans après la guerre, ils n’arrivent pas à s’en sortir dans la vie », confie-t-il.