Au Rwanda, les aveugles vivent au quotidien des situations discriminatoires. Souvent traités d’inutiles et sources de malchance, voués à mendier toute leur vie, les personnes malvoyantes ont du mal à s’intégrer à la société. Heureusement, des mesures ont été prises face à cette malheureuse situation. Ainsi, les personnes aveugles ont aujourd’hui accès à des formations à l’art du massage. Ces formations leur permettent d’intégrer le marché de l’emploi. Explication dans cet article.
Les aveugles sont discriminés que ce soit à l’école ou sur le marché de l’emploi
Beth Gatonye est une femme malvoyante de 43 ans. Elle a déjà formé des dizaines d’hommes et de femmes mal voyants comme elle à l’art du massage. Ces personnes, une fois formées peuvent subvenir à leurs besoins en offrant des séances de massage. Malheureusement, leurs services ne sont pas toujours acceptés qu’au sein de la communauté étrangère rwandaise. Ainsi la société « Seeing Hands » ou « Les mains qui voient », créée par Beth Gatonye offre ses services aux étrangers, comme les personnels de l’ambassade. Les Rwandais sont encore réticents au fait qu’un aveugle touche leur corps, croyant que les personnes victimes de mal voyance sont sources de malchance.
La Fédération rwandaise des aveugles ou RUB affirme que les personnes aveugles sont privées d’opportunités, que ce soit au niveau éducatif ou professionnel. Ce n’est que dans les années 1990 que les mal voyants ont pu accéder à l’école secondaire puisque ce n’est que durant cette période que les programmes scolaires ont été traduits en braille. L’enseignement supérieur, quant à lui, ne leur a été accessible qu’en 2008.
Les aveugles rwandais traités comme des mendiants et des gens inutiles
Être mal voyant au Rwanda c’est relever des défis énormes au quotidien. En effet, les mal voyants vivent presque dans l’isolement et la solitude. La plupart des familles cachent leurs membres qui sont aveugles, ayant honte d’eux. Une masseuse de la société Seeing Hands, Immaculée Karuhura, affirme que les Rwandais considèrent les aveugles comme des gens inutiles.
Or, selon une enquête nationale sur la cécité menée en 2021 au Rwanda, 1% de la population souffre de ce problème. Les principales causes de cécité dans ce pays sont le glaucome et la cataracte non traités. 80% des malades atteints de ces maladies ont pu être guéris s’ils avaient été traités à temps. Aujourd’hui, ces personnes peuvent gagner une certaine autonomie financière grâce à des entreprises comme Seeing Hands.
Travailler est une forme de thérapie pour les aveugles rwandais
Pour des personnes mal voyantes comme Gatonye ou Immaculée Karuhura, pouvoir servir les gens à travers le travail de massothérapeute est une véritable thérapie, un nouveau départ qui leur permet de donner un nouveau sens à la vie, d’avoir le sentiment d’être intégré à la société et de ne pas se sentir rejeté. Car oui, le rejet de la société fait en effet beaucoup de mal aux déficients visuels.
En travaillant comme massothérapeute, ces aveugles peuvent subvenir à leurs besoins au quotidien. Gatonye affirme que son travail lui permet de payer son loyer, mais également de payer les frais de scolarités de ses enfants. Ce qui n’a pas été possible il y a encore quelques années. Aujourd’hui, la société Seeing Hands emploie 15 femmes mal voyantes. Certes, la pandémie de Coronavirus a eu un impact dans leur emploi, comme dans les autres secteurs. Mais, aujourd’hui, la société est de nouveau submergée par les demandes et c’est un nouvel espoir qui luit pour ces personnes trop souvent mises à l’écart à cause de leur handicap.